Que pouvait-on rêver de plus beau comme cadeau d’anniversaire, pour les 35 ans de la Société historique de Breteuil, qu’un site internet flambant neuf, aussi riche qu’attrayant et convivial ? C’est désormais chose faite, après plusieurs années d’un labeur et d’un travail de...
25 rue de la République
60 120 Breteuil
Tél : 03 44 80 14 49
Port. : 06 12 65 51 22
Contact email

Janvier 2021 - Le lavoir Grande Fontaine

La fontaine-lavoir 'Grande Fontaine'

La fontaine-lavoir, dite ‘Grande Fontaine’ est le plus ancien et le plus imposant des 4 lavoirs publics que comptait Breteuil.

Crée en 1766, sa forme et son emprise n’ont pas changé jusqu’à maintenant.

Situé en cœur de ville au bout de la rue Fontaine (dont le nom témoigne de l’omniprésence de l’eau à Breteuil), il était alimenté en eau courante par le ruisseau du Pilori (Image 1).

D’une architecture à façades aveugles sur structure métallique éclairé par une ouverture zénithale ouverte au départ (impluvium) et vitrée par la suite, les courants d’air étaient ainsi évités aux lavandières.

Sur l’image 2, on distingue les deux bancs de lavoir en pierre de taille, le bassin principal et un bassin annexe (rinçoir ?) ; ces éléments sont encore visibles en l’état à ce jour. Par contre, l’étendoir en barres de métal suspendu au-dessus du bassin de lavage pour mettre le linge à égoutter a été retiré.

Le nombre de places à ce lavoir était de 30. Sa fréquentation était exclusivement féminine (elles pouvaient toutefois y emmener leurs enfants -on en voit sur l’image- quand elles n'avaient personne pour les surveiller). L’usage de ce lavoir était soumis à une règlementation stricte en termes de location des places, réservation de créneaux horaires, etc… Un agent municipal, présent sur l’image, était chargé de cette administration ainsi que du règlement des anicroches et conflits qui devaient sans nul doute se produire. La lanterne présente sur l’image témoigne d’une activité possiblement nocturne dans ce lavoir.

Le travail des lavandières était physiquement très pénible, se pratiquant à genoux sur la pierre des bancs de lavoir. Par ailleurs, ce lavoir était, comme on peut le voir encore actuellement, accessible par des escaliers assez étroits par lesquels il fallait descendre les paniers d’osier amenés en brouette à bras et les remmener encore humides par la même voie.

Ce lavoir, comme les autres, avait une importante fonction sociale. Il constituait en effet un des rares lieux où les femmes pouvaient se réunir et discuter. On s’y échangeait les derniers potins de Breteuil.

Le lavoir reste en usage jusqu'au milieu du XXè siècle. Son utilisation est progressivement abandonnée au cours de ce siècle. Malgré la résistance au progrès des lavandières, le lavoir est remplacé par les lessiveuses, les lavoirs mécaniques, les machines à laver vers 1950 puis les laveries automatiques.

Comment ne pas faire le parallèle de cette ambiance pleine de jacasseries avec la solitude des usagers, écouteurs aux oreilles, de nos laveries actuelles !

 

Lors des bombardements de 1940, le lavoir a souffert (Image 3): son ossature a été détruite et faute d’usage n’a pas été reconstruite ; il subsiste néanmoins le bâti en dur avec les bancs de lavoir et les escaliers. Réalimenté depuis la fontaine de la place Bayard, ce lavoir comme bien d’autres lavoirs est devenu un élément de décor abondamment fleuri de ce quartier.

 

Sur l’image 4, en comparant la vue du lavoir depuis la rue de Fontaine après les bombardements avec une photo actuelle, si l’on fait correspondre cette poignée de porte qui semble avoir résisté à la destruction, on peut s’amuser à retrouver l’exacte perspective du lavoir, telle qu’on pouvait la percevoir avant-guerre.

 

P.S. Si vous connaissez quelques anecdotes où évènements se rapportant à ce lavoir, faites-en part à la Société historique de Breteuil.