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Août 2023 - Des combats de chiens à Breteuil

Attraction festive du début du xxème siècle

Il y a un siècle les rongeurs et plus particulièrement les rats proliféraient aussi bien en ville que dans les bourgs et villages. Ces nuisibles mal considérés comme étant sources de maladies et infections devaient être combattus. C’est ainsi que Gustave Xhrouet (1853-1939), belge originaire de Spa, cocher puis dératiseur, eut l’idée d’organiser en Belgique puis à Paris des combats festifs entre chiens et rats. Le succès fut tel que ce type de manifestation festive ne tarda pas à se répandre en France. Breteuil n’échappa pas à cet engouement comme en témoigne les images suivantes.

 

Un kiosque sommaire installé sur la place du marché aux herbes (actuelle place de Verdun), abondamment décoré de guirlandes, lampions et bannières abritait en son centre un ‘ratodrome’ circulaire grillagé surélevé sur une estrade pour permettre aux nombreux spectateurs de suivre les combats. Sur la 2ème image on voit distinctement le rat et le chien alors que d’autres chiens tenus en laisse par leur maître attendent leur tour. On mesure l’engouement pour cette attraction festive par la foule nombreuse qui se presse autour de la scène (1ère image). La bonne société, en mal de plaisirs canailles se mêlait au petit peuple pour y assister. Il est facile d’imaginer les forts encouragements sonores du maître pour son chien et les acclamations de la foule des spectateurs à l’issue du combat. La vaillance des chiens était jugée sur la promptitude du chien à occire le rat ! Les vainqueurs, chiens et maîtres devaient recevoir un prix (cocarde ou autre…) ; les chiens concernés étaient plus spécifiquement de race ratier, fox-terrier ou berger allemand ; ces combats ne devaient pas faire l’objet de spectacles tarifés ouverts aux parieurs comme c’était le cas à Paris, Marseille ou autres grandes villes. Bien d’autres variantes de ces combats existèrent pour pimenter le spectacle.

 

Ces manifestations festives prirent fin avec le premier conflit mondial.

Les épidémies de peste, choléra et autres maladies infectieuses des années 30 imposèrent une éradication plus systématique des rongeurs incriminés par l’emploi de piégeages, usage de chiens ratiers et divers poisons appropriés.

La population des rats désormais contenue en nombre respectable a aujourd’hui ses adeptes : domestication, spectacles d’animaux savants, etc…

Les combats de chiens avec des rats imaginés par Gustave Xhrouet servirent en 1915 à former des chiens de troupe pour nettoyer les tranchées infestées de rats.

 

 

Définitions de « ratodrome »

Trésor de la Langue Française informatisé

Ratodrome, subst. masc.Lieu de plaisir fréquenté par des gens louches.À l'angle de l'avenue de Chaillot, un ratodrome satisfaisait les goûts d'une clientèle de voyous, d'amateurs de chiens et de gens riches (Queneau,Pierrot, 1942, p. 65).

 

Wiktionnaire

Nom commun - français

ratodrome \ʁa.to.dʁom\ masculin

  1. Lieu aménagé pour organiser des combats « chien contre rats ».
  •  Donio, le dresseur de chiens, Sans-dos, le tenancier du ratodrome de Villejuif, ou P’tit Vélo, le roi du pédalo de Joinville — autant de sorties, autant de journées de bonheur, autant d’heures d’apprentissage.— (Franck et Vautrin, La dame de Berlin, 1987) 
  •  C’est porte Maillot (16e) que Gustave Krouet, chasseur de rats, installa le premier « ratodrome » qui fut dans les années 1910 célèbre dans tout Paris.— (journal 20 minutes, numéro daté du 13 novembre 2015, page 2 (l’orthographe Krouet a été conservée, mais ce nom de famille s’écrit en réalité Xhrouet)) 
  •  Les baraques et les jardins zoniers se multipliaient, et dans les terrains vagues des énergumènes découvraient les sports. À l'angle de l'avenue de Chaillot, un ratodrome satisfaisait les goûts d'une clientèle de voyous, d'amateurs des chiens et de gens riches.— (Raymond Queneau, Pierrot mon ami, 1942) 
  •  C’était là le ratodrome où, peu auparavant, Zizi avait annoncé à la petite bonne Adèle qu’il allait avoir sans doute l’occasion de rencontrer son amant Bec-de-Gaz.— (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Le Bouquet tragique, 1912, chapitre VII)